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VIE DE LA BASE

Solidarité à DDU

Nous sommes 24 personnes sur la base . C’est beaucoup pour un cercle amical. C’est peu pour faire tourner une base.

Tous identiques

Sur la base, on partage les mêmes expériences. On pense au climat, bien sûr. Mais parlons ici d’autres choses.

Hall d’entrée du 42 (dortoir) : dur de retrouver ses affaires

D’abord, on se ressemble tous parce qu’on partage le même matériel. La dotation, c’est l’équipement qui est fourni par l’IPEV pour l’année. Notre dotation nous appartient. Elle est spécifique à chaque métier, et les vêtements sont à notre taille (plus ou moins) mais dans l’ensemble on partage les mêmes objets. A tel point qu’on a du mal à retrouver nos habits. Cela nous offre la possibilité de nous plaindre ensemble des défauts de notre équipement : ils sont ternes et mal taillés pour les femmes, les gants protègent mal du froid, pas à la bonne taille, etc.

On partage aussi certains travaux, qui sont faits par tout le monde. C’est le cas du service base. Le service base, c’est une journée donnée à la communauté. Il se pratique à deux. On ne choisit ni son partenaire, ni son jour et c’est obligatoire. On fait le ménage d’une partie des zones communes, les douches et les toilettes. On vide les poubelles. On met la table, on fait le service et la vaisselle. C’est beaucoup plus simple de faire le service base l’hiver quand il y a 24 personnes que l’été quand il y a 80 personnes. C’est vaguement humiliant. C’est donc très important que tout le monde y passe.

Faire les mêmes expériences, ça facilite la compréhension.

Pourtant tous spécifiques

A Dumont D’Urville (DDU), il y a un plombier, un électricien, une menuisière, etc… Nous ne sommes pas libres de choisir les personnes qu’on côtoie ou avec lesquelles on travaille. On ne peut pas faire jouer la concurrence. D’aucun n’y croirait pas. Et pourtant, ça marche. Je pense que quand on a besoin de quelqu’un, on est plus poli avec lui. Et nous sommes tous interdépendants. Alors on est bien tous polis entre nous.

De toute façon, les gens sont compétents dans leur domaine puisqu’ils sont sélectionnés pour l’être. Et ils sont serviables, peut-être qu’on est aussi sélectionné pour l’être. Je ne sais pas si c’est pareil tous les ans, mais cette année, le groupe est très sympathique.

Entre-aide

Et pourtant la compétence ne suffit pas. Souvent, il faut être plusieurs pour mener à bien une mission ou tout simplement parce que c’est moins pénible.

Manip’Vivre

A DDU, les bâtiments sont tous éloignés les uns des autres. C’est en particulier le cas des hangars de stockage de la nourriture et des cuisines. Du coup, une fois par semaine, on fait le chaîne pour transporter les denrées alimentaires de deux hangars différents (le -20°C et le +4°C) vers la cuisine. C’est la manip’vivre. Tous ceux qui veulent peuvent participer à la chaîne, sans quoi le cuisinier et la boulangère devraient porter les vivres eux-mêmes : impossible.

D’ailleurs, la cuisine n’est jamais contre un petit coup de main. Entre peler des oignons, ou faire un goûter, voire cuisiner tout un repas. La cuisine est ouverte. C’est bien pour moi qui aime cuisiner et pour eux qui travaillent un peu moins.

Goûter crêpes avec Mélanie

C’est la même chose avec les ornithologues. Elles ont besoin de personnes pour les aider et cela nous permet de voir des animaux sauvages de près. C’est l’occasion de partir se promener. Mais parfois, la question change de sens. Les personnes qui viennent en Antarctique n’arrivent pas par hasard. Elles aiment leur métier. C’est leur passion. Mais la masse de travail est trop importante. C’est atteindre ici la limite de l’entre-aide. On ne veut pas que nos collègues et amis se trouvent en difficulté dans leur travail. L’échec d’une personne affecte tout le groupe. Alors, tout le monde y met du sien. Mais est-ce que ce ne serait pas du travail que nous réalisons bénévolement au bénéfice des laboratoires ?

Assistance et formation

Sophie, la médecin, ne pourra pas sauver quelqu’un qui a un accident à DDU toute seule. A raison d’une heure par semaine, elle nous forme et se constitue une petite équipe médicale et une petite équipe de secouristes dont je fais partie.

Exercice de secourisme au Mont Rose.

Et ce n’est pas la seule à former des gens. Il y a bien sûr de l’intérêt pour le travail des professionnels qui nous entourent. Alors, certains se forment à la mécanique, par exemple. Tout le monde invite tout le monde à venir voir son travail. D’ailleurs, nous, les météos, invitons les autres à lancer nos ballons-sondes (pour le fun) et j’ai commencé les formations météos (pour ceux que ça intéresse).

Vie communautaire

Les loisirs sont aussi bien souvent collectifs. Avec l’hivernage, le séjour s’est transformé et les jeux (billard, ping-pong, baby-foot) ont envahi l’espace. Nous regardons des séries ensemble. Nous jouons à des jeux de société.

Nouveau séjour tout beau tout propre

Enfin, que serait une vie communautaire française sans un bar : l’ « Enfer blanc » est à présent ouvert tous les jours. Il faut payer l’alcool qui est soumis à des quotas (qui apparemment sont trop stricts). Les discussions sont interminables sur la meilleure gestion de l’alcool. Mais moi, je ne me sens pas concernée : je dois être la seule à ne pas boire.

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