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PAS ENCORE TRADUIT VIE DE LA BASE

Lumière

On est ébloui pour un rien.

C’est un peu étrange, j’imagine, de parler de la lumière pour le premier article de blog sur la vie sur la base. Mais c’est sans doute quelque chose dont vous ne vous doutiez pas : l’Antarctique, en été, c’est très lumineux.

Jour perpétuel

On parle beaucoup de la nuit perpétuelle. Elle affecterait notre humeur. Sans doute pour nous rendre apathique. Ça, je ne l’ai pas encore vécu. Mais qu’en est-il de la journée perpétuelle ? Quand je suis arrivée à DDU, la nuit se réduisait à quelques minutes.

Manque de sommeil

C’est compliqué de dormir parce qu’avec la luminosité, on ne sent pas la fatigue. Et c’est le cas pour tout le monde. La base est en agitation continuelle. On est vite très fatigué.

Ce n’est pas nécessairement un problème de manque de rigueur. Quand j’arrive dans ma chambre le soir, je ferme les volets. J’allume la toute petite loupiote de chevet et je passe la soirée à lire. Il n’est pas question d’allumer l’ordinateur le soir et de rajouter des difficultés d’endormissement. Et comme je suis fatiguée, oui, je m’endors.

Le problème vient des moments où on se réveille la nuit. Avec le décalage horaire, j’ai encore un sursaut de réveil vers 2h du matin heure locale. D’autres doivent aller aux toilettes ou peuvent se faire réveiller par un voisin. Et là, c’est le drame. La lumière passe partout comme s’il était midi : à travers les rideaux, sous la porte … On est alors pleinement réveillé pour un rien.

Couche d’ozone et coup de soleil

Mais même si la nuit revient au galop, la lumière est toujours présente car contrairement à l’année précédente, jusqu’à présent, on a eu un temps magnifique. Le mois de janvier 2024 se situe au 4ème rang des plus lumineux depuis 1991. L’insolation est excédentaire de 33,6 % par rapport à la normale. Du 12 au 18 janvier, le soleil a outrageusement dominé le ciel.

Sophie, la médecin de la TA74, nous le répète encore et encore. « Pensez à la crème solaire. » Ceux qui l’oublient sont vite rattrapés par la réalité. Ce n’est pas (encore) mon cas, mais les coups de soleil font très mal ici. C’est parce qu’on se trouve sous le trou de la couche d’ozone. Cette couche protège la surface terrestre et notre peau des rayons UV. Comme la concentration en ozone est plus faible en Antarctique, les coups de soleil sont plus fréquents.

Sols réfléchissants

Quand je suis arrivée sur la base, la glace recouvrait encore bien l’île des Pétrels et la banquise avait certes débâclé, mais les morceaux de glace couvraient encore l’océan. Les surfaces étaient bien réfléchissantes. Absolument tout était très lumineux. On est ébloui pour un rien.

Lors de ma passation avec l’ancienne équipe météo, tout le monde a mal aux yeux.

Dans notre dotation, il y a des lunettes de soleil. Je les garde accrochées à mon cou par leur cordon en permanence. Elles font parties de l’équipement nécessaire pour sortir au même titre que le bonnet ou les gants. Elles sont bien sur très noires et de type 4. Mes yeux ont tout de même beaucoup pleuré les premiers temps.

Je ne pense pas que je me sois habituée à la lumière. Mais à présent, la glace a bien fondu que ce soit sur l’île des Pétrels ou sur la mer. Je garde cependant cette routine le matin : 1/ je mets mes lunettes de soleil. 2/ j’ouvre mes rideaux.

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