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Lumière

C’est un peu étrange, j’imagine, de parler de la lumière pour le premier article de blog sur la vie sur la base. Mais c’est sans doute quelque chose dont vous ne vous doutiez pas : l’Antarctique, en été, c’est très lumineux.

Jour perpétuel

On parle beaucoup de la nuit perpétuelle. Elle affecterait notre humeur. Sans doute pour nous rendre apathique. Ça, je ne l’ai pas encore vécu. Mais qu’en est-il de la journée perpétuelle ? Quand je suis arrivée à DDU, la nuit se réduisait à quelques minutes.

Manque de sommeil

C’est compliqué de dormir parce qu’avec la luminosité, on ne sent pas la fatigue. Et c’est le cas pour tout le monde. La base est en agitation continuelle. On est vite très fatigué.

Ce n’est pas nécessairement un problème de manque de rigueur. Quand j’arrive dans ma chambre le soir, je ferme les volets. J’allume la toute petite loupiote de chevet et je passe la soirée à lire. Il n’est pas question d’allumer l’ordinateur le soir et de rajouter des difficultés d’endormissement. Et comme je suis fatiguée, oui, je m’endors.

Le problème vient des moments où on se réveille la nuit. Avec le décalage horaire, j’ai encore un sursaut de réveil vers 2h du matin heure locale. D’autres doivent aller aux toilettes ou peuvent se faire réveiller par un voisin. Et là, c’est le drame. La lumière passe partout comme s’il était midi : à travers les rideaux, sous la porte … On est alors pleinement réveillé pour un rien.

Couche d’ozone et coup de soleil

Mais même si la nuit revient au galop, la lumière est toujours présente car contrairement à l’année précédente, jusqu’à présent, on a eu un temps magnifique. Le mois de janvier 2024 se situe au 4ème rang des plus lumineux depuis 1991. L’insolation est excédentaire de 33,6 % par rapport à la normale. Du 12 au 18 janvier, le soleil a outrageusement dominé le ciel.

Sophie, la médecin de la TA74, nous le répète encore et encore. « Pensez à la crème solaire. » Ceux qui l’oublient sont vite rattrapés par la réalité. Ce n’est pas (encore) mon cas, mais les coups de soleil font très mal ici. C’est parce qu’on se trouve sous le trou de la couche d’ozone. Cette couche protège la surface terrestre et notre peau des rayons UV. Comme la concentration en ozone est plus faible en Antarctique, les coups de soleil sont plus fréquents.

Sols réfléchissants

Quand je suis arrivée sur la base, la glace recouvrait encore bien l’île des Pétrels et la banquise avait certes débâclé, mais les morceaux de glace couvraient encore l’océan. Les surfaces étaient bien réfléchissantes. Absolument tout était très lumineux. On est ébloui pour un rien.

Lors de ma passation avec l’ancienne équipe météo, tout le monde a mal aux yeux.

Dans notre dotation, il y a des lunettes de soleil. Je les garde accrochées à mon cou par leur cordon en permanence. Elles font parties de l’équipement nécessaire pour sortir au même titre que le bonnet ou les gants. Elles sont bien sur très noires et de type 4. Mes yeux ont tout de même beaucoup pleuré les premiers temps.

Je ne pense pas que je me sois habituée à la lumière. Mais à présent, la glace a bien fondu que ce soit sur l’île des Pétrels ou sur la mer. Je garde cependant cette routine le matin : 1/ je mets mes lunettes de soleil. 2/ j’ouvre mes rideaux.

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La Poste à DDU

Philatélie et Terres Australes

Depuis 1955, les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) émettent leurs propres timbres. Chaque année, les dessins proposés sont examinées par les membres de la commission philatélique des TAAF, qui rend un avis au préfet (ou en l’occurrence à la préfète) sur une sélection au sein de laquelle il/elle retient les 15 à 20 projets de timbres qui sont alors mis en fabrication. Donc, les TAAF ont leurs propres timbres.

Courrier venant de et allant à DDU

Une gérance postale est installée dans chaque district des TAAF. Ainsi, il y a un bureau de poste à Dumont-d’Urville. Nous pouvons recevoir et envoyer du courrier.

Comme pour tout transport en Terre Adélie, l’acheminement des lettres dépend des glaces et ne se fait qu’en été austral (novembre-février).

La marcophilie, vous connaissez ?

Le gérant postal a pour mission le traitement du courrier de la base. Il appose un cachet d’oblitération postale (un tampon) sur l’ensemble des courriers au départ du district. La marcophilie des TAAF est particulièrement appréciée des collectionneurs : chaque mission scientifique, chaque expédition polaire possède son tampon souvenir. La majeure partie des corps de métiers (météorologue, géologue, ornithologue, médecin …) appose son tampon de mission sur les courriers au départ des bases.

Le tampon de la TA74

Le tampon de l’équipe

L’équipe météo en a un réalisé par la fille de Stéphane :

Mon propre tampon

De la même manière, je possède mon propre tampon, avec lequel je marque le courrier que j’envoie. Je l’ai dessiné moi-même sous GIMP.

Il a été approuvé par le préfet des TAAF. Je l’ai fait réalisé en bois et expédié en ligne en 2 jours pour un coût de 20 euros. Il fait 4 cm de diamètre.

J’ai donc envoyé du courrier.

J’ai donc envoyé plein de courrier ces derniers temps.

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Dumont d’Urville

Avant d’aller plus loin dans le récit de mes aventures. Je pense qu’il est temps de préciser un peu où je vais passer mon hivernage.

Terre Adélie

Amusez-vous à trouver Dumont d’Urville sur la Carte.

Oui, vous le savez, c’est en Antarctique. Dans une station française qui s’appelle Dumont d’Urville. Elle se situe au sud de la Tasmanie en Terre Adélie. Dumont d’Urville ne se trouve donc pas au sud de la France.

En rouge, la terre Adélie

Ile des Pétrels

La station se situe sur une île, parmi les nombreuses îles de la côte.

Dumont d’Urville (DDU) se situe sur l’Ile des Pétrels, une des îles de l’Archipel de Pointe Géologie. Ainsi, elle n’est pas à proprement parler sur le continent Antarctique, mais à 5km à peine. La station française de Cap Prudhomme (qui n’est ouverte qu’en été) se trouve, elle, sur le continent.

Zones restreintes

Quand la banquise est présente, on peut passer à pied d’une île à l’autre, par exemple de Pétrels à Rostand à Bernard, voire aller jusqu’à Bélier ou Capricorne et même bien plus loin. Mais au fur et à mesure que l’été progresse, la banquise est de plus en plus fine et il est de plus en plus périlleux d’y aller. La banquise devient progressivement interdite d’accès.

Exemple de zonage banquise (janvier 2024) : La zone 1 est accessible à tous, la zone 2, il faut partir à 2, la zone 3, il faut partir à trois. La ZSPA (zone spécialement protégée de l’Antarctique) est une zone interdite pour la protection des espèces sauvage. Il est également interdit d’aller au Nunatak et sur la manchotière des manchots Empereurs.

Ensuite, l’Ile des Pétrels possède de nombreuses zones dédiées à la science, où il est interdit d’aller sans autorisation, parce que notre présence fausserait les mesures.

Zones réservées principalement à la collecte de mesures. Les mesures magnétiques pourraient être faussées par le fer que nous portons. Les mesures sismologiques par nos pas, etc.

Base de Dumont d’Urville

Il s’agit d’un ensemble de bâtiments. Chacun a son utilité propre depuis le dortoir jusqu’à la menuiserie. Ils sont reliés par des passerelles et sur-élevés pour les plus grands. L’île est couverte de bâtiments de toute sorte (depuis l’immeuble à 1étage au shelter de 4m2). Mais l’activité principale se trouve autour du séjour (B031).

Amusez-vous à trouver le B031

Les personnels techniques en particulier par les bâtiments en donnant leur numéro. Ainsi le dortoir d’hiver (où je dors) c’est le 42.

Bureaux de la météo

Les bureaux de la météo se situent dans le 25 (le BT) à la pointe Ouest de la station. Et vraiment tout à l’ouest, on accède par une passerelle à l’abri de radiosondage (d’où on lance les ballons-sonde).

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Arrivée à DDU

Paysage magnifique

L’Astrolabe est arrivé le pack était cassé. La débâcle a eu lieu dans la nuit juste avant notre arrivée.

Vidéo de la débâcle à DDU par la caméra du BT

Quand je suis arrivée aux abords de Dumont d’Urville (DDU), j’ai vu mes premiers manchots Adélie. Les tous premiers que j’ai vu se déplaçaient sur un morceau de banquise, récemment débâclée. Je les ai trouvés tellement mignons. Vraiment trop choux, ces toutes petites créatures qui jaillissent de l’eau et se déplacent en bandes. Ma réaction d’émerveillement a fait rire Gérald, un campagnard d’été. Les campagnards sont manutentionnaires, plongeurs, conducteurs d’engins, soudeurs, plombiers, électriciens… Ils viennent à Dumont d’Urville les quelques mois d’été mais repartent avant l’hivernage. Ils viennent la plupart d’une année sur l’autre. La banquise… les manchots… ils connaissent ! Et personne ne trouve les manchots Adélie mignons très longtemps.

Un phoque sur un morceau de banquise

Depuis l’île des Pétrels, ou la piste du Lion, où l’Astrolabe doit s’amarrer, on voit le glacier de l’Astrolabe.

Le continent Antarctique

La glace du glacier est plus transparente et plus bleue que la glace de mer, qui est bien blanche. C’est magnifique.

Le glacier de l’Astrolabe

Le jour le plus long

Bref, nous sommes arrivés le 12 décembre 2023 au matin.

Nous avons vu le ballon-sonde des collègues partir à 9h00… et puis, nous sommes repartis faire les tours de bateau.

On fait des ronds dans la banquise

A ce stade, il fallait attendre que le personnel du port soit près à nous accueillir et mette en place le quai. Donc nous sommes restés à faire des ronds dans l’eau jusqu’à 12h. L’Astrolabe cassait la glace. Donc nous avons mangé le repas de midi sur le bateau.

Quand nous sommes entrés dans l’Anse du Lion (cf. cartographie de DDU), le bateau a beaucoup perturbé les manchots qui ont l’habitude de plonger à cet endroit.

On voit depuis l’Astrolabe deux colonies de manchots : des Empereurs et des Adélies

Et là, c’est le drame. Un résidu de banquise est venu se loger entre le quai et bateau.

Le fameux petit bout de banquise qui nous empêche de débarquer

On a eu un mal fou à l’évacuer. Comment un bout de glace du tier de la surface d’un brise-glace peut-il empêcher un débarquement ? Il faut le voit pour le comprendre. Le brise-glace ne pouvait pas le casser en montant dessus car le morceau de glace se déplaçait avec les vagues. Nous étions trop loin de quelques mètres pour débarquer. Il fallait réussir à l’évacuer, mais comment ? En repartant et revenant sous un autre angle quelques fois ? Ca n’a pas marché. C’est en tapant dessus avec un tractor-Pelle qu’on a réussi à le casser, puis évacuer les morceaux. C’était un avant goût des nombreuses contraintes techniques avec lesquelles on doit vivre en Antarctique.

L’engin qui tape sur le glaçons

Accueil à la base

Emilie, la médecin, et les météos de la TA73 (Terre-Adélie 73 – Les hivernants de l’année précédente) sont venus nous chercher sur la quai. Ils ont dû attendre longtemps.

Ils nous ont montré les bâtiments. Nos chambres et nos affaires nous attendaient. Je partage ma chambre avec Lise (la menuisière).

Accueil des nouveaux

Le lendemain, nous avons eu un accueil au séjour, histoire de parler des quelques règles de vie sur la base.

Manchots Adélie au coeur de la base

Puis nous sommes partis sur la banquise pour une formation sur le comportement qu’il faut avoir.

Première sortie : des ornithologues dans les rochers et des phoques sur la banquise.

Est-ce que vous saviez que Thomas Pesquet a séjourné sur la base de Dumont d’Urville ? Bon, j’avais déjà pris le bus avec lui en allant sur le port d’Hobart. J’allais y séjourné, il allait faire un test Covid. Et comme dirait Lise :

« Ma sœur me dit : « Tu ouvriras l’oeil. Il y a Thomas Pesquet sur la base. » — C’est pas comme si je l’avais croisé en calbut en allant à la salle de bain cette nuit. ».

Devinez qui est de dos en doudoune noire

Thomas Pesquet, tout le monde en parle. Mais durant la passation, on avait autre chose à faire que des selfies. Avec Pauline, nous lui avons présenté la météo. Il nous a fait une belle présentation le jeudi suivant sur son travail et ses projets. Mais le fait que les visites des officiels (lui et Olivier Poivre d’Arvor, dans un premier temps, puis des députés et la préfète des TAAF dans un second) nous ont pris beaucoup de temps, sur un temps de passation qui était déjà trop court.

Mal de Terre

Une dernière chose : Les premiers jours sont compliqués parce qu’on a le mal de terre. Ne riez pas. Je n’ai pas eu beaucoup de mal de mer. Je suis chanceuse. Mais le sol de la station a tangué autour de moi pendant plusieurs jours en arrivant sur la base.

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DURANT LE VOYAGE PAS ENCORE TRADUIT SCIENCE

Science à Bord de l’Astrolabe

L’Astrolabe nous amène de Hobart à DDU. Mais il sert aussi à la recherche scientifique. Des aménagements particuliers ont été réalisés pour faire des prélèvements : au moins une rampe de lancement des sondes XBT et un robinet de prélèvement d’eau de mer. Deux projets s’y déroulaient durant ma traversée. Ils se plaçaient tous deux dans le cadre d’une meilleure connaissance de l’océan global.

Profils de température par XBT

Dans l’Astrolabe, je partageais mon poste (ma chambre) avec deux scientifiques qui se relayaient pour faire des mesures de profils de température tout au long de la traversée entre Hobart et Dumont d’Urville. Comme chez les marins, elles faisaient des quarts. Il ne fallait pas faire de bruit, ni la nuit, ni le jour parce qu’il y avait toujours quelqu’une qui dormait dans la chambre.

J’ai eu la chance de participer pendant quelques heures à leur programme scientifique. Elisa avait pour projet de valider une paramétrisation de hauteur de l’océan en combinant 1/ la fauchée d’un satellite défilant qui passait juste au-dessus de l’Astrolabe entre Hobart et Macquarie (qui lui donnait cette hauteur) et 2/ les profils de températures de l’océan que nous allions mesurer à l’aide de sondes XBT.

Ordinateur de l’acquisition des données avec la trajectoire du bateau.

Les profils étaient mesurés toutes les heures ou toutes les deux heures durant la majeure partie de la traversée. Mais sur certaines portions de notre voyage (quand nous étions sous la fauchée du satellite) nous passions en période d’observation intensive durant laquelle les sondes étaient lancées toutes les 20min.

Les sondes XBT

En général, nous étions 2 ou 3 par équipe et nous lancions les sondes durant 2h avant d’être relayés. Quand le bateau penche d’un coté, il faut lancer du coté qui n’est pas libre d’eau. Donc en fonction du vent, le lancer ne se fait pas toujours du coté de l’ordinateur qui fait l’acquisition des données. Il faut faire le lancer, puis revenir pour visualiser l’acquisition.

La rampe pour lancer les XBT (fermée) dans la cale de l’Astrolabe

C’est compliqué de passer de bâbord à tribord entre chaque lancer.

Chemin difficile d’accès que nous empruntions entre bâbord et tribord

Isotopes

Un autre projet consistait à prélever des échantillons d’eau de mer pour mesurer le rapport isotopique entre l’oxygène 16 et l’oxygène 18 sur le trajet. Une fiole numérotée est remplie toutes les heures. Ouvrir un robinet, c’est beaucoup moins contraignant que de travailler sur les sondes XBT et on peut le faire seul.

Robinet pour remplir les fioles
Fioles étiquetées

Dans la cale

Les deux projets se déroulent dans la cale de l’Astrolabe. Il s’agit de l’entrepôt de la cargaison. On y fait du sport, en particulier sur un vélo d’appartement. Comme tous les meubles du bateau, il est bien attaché au sol.

Vélo d’appartement de la cale de l’Astrolabe.

La pièce est vaste et encombrée.

La cale vue de dessus.

Elle est bruyante, froide et humide.

Cordages dans le passage avec quelques traces d’eau au fond.

Si on était seul durant les expériences, ce serait un peu triste de se sacrifier ainsi pour la science.

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AVANT LE DÉPART DURANT LE VOYAGE PAS ENCORE TRADUIT

A Bord de l’Astrolabe

Vie sur l’Astrolabe

L’Astrolabe est un bateau militaire, démilitarisé pour cette mission entre Hobart et Dumont d’Urville. Il fait 72 m de long et est constitué de 8 étages. C’est un très petit brise glace. Nous sommes une soixantaine à bord, dont une vingtaine de marins.

Vivre sur l’Astrolabe demande d’acquérir tout un vocabulaire. La coupée, c’est la passerelle qui relie le quai au bateau. Elle se fixe à différents étages du bateau en fonction de la hauteur du quai. La passerelle, elle, est le poste de conduite du bateau, juste au-dessous de la mature sur laquelle sont fixés les instruments, comme le radar et le nid de pie, qui est un poste d’observation. Un pont est un étage. La rampe, c’est là où on pose le plateau de la cantine. Les couloirs sont les coursives et les coursives extérieures s’appellent des passes. Les escaliers se disent des échappées. Ma chambre est un poste. Mon lit se dit : banette, niche ou caille. Quand on est en mode citadelle, ça veut dire qu’une seule porte est ouverte sur l’extérieur.

Au début, l’Astrolabe était, pour moi, un vrai labyrinthe de métal, j’avais beaucoup de mal à me repérer, et les explications de l’équipage, qui est très sympa et aux petits soins, n’étaient pas toujours très claires. Mais on apprend, on s’habitue.

Mon poste

Mon poste est spacieux. Je le partage avec 3 autres femmes. Deux d’entre elles sont des scientifiques qui travaillent à bord du bateau jour et nuit. Elles se relèvent toutes les 8 heures pour lancer les sondes de température dans la mer (je vous en parlerai aussi). Il ne faut pas les réveiller, donc je quitte le poste très tôt avec toutes mes affaires pour la journée et je rejoins soit la salle de réunion IPEV, au niveau du pont des officiers, soit le salon passagers, au niveau du pont intermédiaire.

Réfectoire

On mange en deux services à la cantine : les babords et les tribords. Il y a une buanderie et une bibliothèque pour ceux qui n’ont pas le mal de mer.

Le gastrolabe

L’Astrolabe est très confortable. Mais comme il a un font plat pour pouvoir monter sur la glace et la casser, dans des mers très agitées comme l’océan antarctique, le bateau gite beaucoup, d’où son petit nom de « gastrolabe ». Merci aux marins de nous avoir laissé les couchettes au niveau de la cale : tu préfères être à la base d’un métronome, plutôt qu’à la pointe de son aiguille. On nous a tout de suite prévenu, et fourni un traitement contre le mal de mer. C’est un patch qu’on colle dernière l’oreille et dont les effets durent 3 jours. Il y a quelques effets secondaires : la vue qui peut se troubler, la bouche et les sinus qui peuvent s’assécher. Mais moi qui suis sensible au mal des transports, je m’en suis très bien sortie avec le patch et j’ai pu profiter de la traversée. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Je mesure ma chance.

Salon passager

Outre le mal de mer, les mouvements du bateau compliquent les déplacements. Il faut se tenir aux rambardes. On a l’impression de voler ou d’être cloué au sol en fonction de la houle. Les échappées deviennent un défi. Les chaises sont soit vissées au sol, soit fixées à la table par des tendeurs. Elles glissent avec nous dessus, de la même manière que les assiettes glissent sur les plateaux. Le matériel vole, y compris le matériel informatique. Il faut tout fixer. Mais quand on regarde un film sur grand écran et que le bateau gite, pendant les scènes d’actions, on se croirait au Futuroscope.

Détour par Macquarie

Cette année, nous sommes passés par l’île de Macquarie, pour déposer quelques scientifiques australiens.

Macquarie Island

La manœuvre s’est faite au petit matin et très vite. Cette île australienne est réputée pour sa biodiversité. J’ai pu voir des dauphins (un jour avant), des manchots royaux et des puffins nager en bande, un orque de loin, des éléphants de mer se battre sur la plage, des damiers du cap et des pétrels géants. Je regrette de ne pas avoir l’objectif qui me permettrait de mieux les prendre en photo.

Manchots et Gorfous de Macquarie

Le pack

Aujourd’hui 10 décembre, j’ai vu mes premiers icebergs, mais toujours pas de pack.

D’abord, sont apparus de petits glaçons, qui sont de plus en plus nombreux. Les plus petits ressemblent à des sacs plastics qui flottent à la surface de l’eau.

Puis au loin un iceberg et de la banquise en morceaux.

Puis plus rien. La banquise a débâclé le jour de notre arrivée. Nous n’avons jamais vu le pack. Ça attendra cet hiver.

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DURANT LE VOYAGE PAS ENCORE TRADUIT

Voyage jusqu’à Hobart

Au revoir Najac

J’ai déménagé de ma maison de Najac le 3 novembre pour habiter (toujours à Najac) chez des amis. Pendant quelques semaines, je n’en finissais plus de dire au revoir aux gens, mais j’en ai profité pour visiter tout ce que je n’avais pas pu voir jusque-là : la grotte de Pech Merle, Saint-Cirq-Lapopie et les abbayes de Beaulieu et celle de Loc-Dieu.

J’ai participé à un dernier bal-trad’

Puis j’ai définitivement quitté mon nid le 24 novembre.

L’aventure ne commence pas tout de suite

Pour rejoindre les terres australes, je n’ai pas pris le trajet que j’envisageais lorsque je me suis présentée aux écoles primaires de Najac et de La Fouillade : un train pour Paris, un vol pour Sydney, un avion pour Hobart et le bateau pour DDU.

De Najac à Paris

Je suis d’abord partie en voiture pour Chaumont avec Benjamin pour voir de la famille. Il faut dire que je n’étais encore jamais allée à Conques. J’attendais d’être hors saison touristique. C’était le bon choix. Conques est magnifique ! Nous sommes remontés via Aubusson et son musée de la tapisserie, puis via Montluçon et son musée de la musique populaire. Encore une victoire de la muséographie moderne !

J’ai finalement pris le train à Chaumont le jour de mon départ pour Hobart. Le 1er décembre, un jour de grève. Mais tout s’est bien passé.

De Paris à Hobart.

A Paris-Charles de Gaulles, j’ai retrouvé des hivernants que j’avais rencontré lors du séminaire à Plouzané. Le voyage depuis Paris a duré 32 heures, avec une escale à Doubaï et une à Melbourne. Je suis arrivée à Hobart à 7h le 3 décembre 2023. Et enfin, nous sommes arrivés à l’Astrolabe.

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AVANT LE DÉPART PAS ENCORE TRADUIT

Les enfants sont bon public.

En fin de semaine dernière, j’ai eu l’occasion de rencontrer les élèves des écoles primaires publiques de Najac et de La Fouillade. L’idée est de correspondre avec ces élèves tout au long de mon hivernage.

J’ai d’abord reçu une proposition de Virginie (institutrice à La Fouillade) de passer à son école pour parler de ma mission en Antarctique avec les « grands » de son école, qui sont sous la responsabilité de Cindy. Puis Laurence, adjointe au maire de Najac, m’a mise en contact avec Bélinda, l’institutrice des « grands » de l’école de Najac. Elle m’a proposé de voir ses élèves, ainsi que les « petits » à la charge de Jacques. Vous suivez ?

À Najac, les enfants étaient tous rassemblés dans une des salles de classe où je projetais quelques photos. Les « petits » étaient assis sur les genoux des « grands ». Ils étaient sages, attentifs et intéressés. Leurs questions naïves n’en étaient pas moins intéressantes et les échanges ont été enrichissants, aussi bien pour eux que pour moi. Les enfants sont bon public.

À La Fouillade, j’ai rencontré les élèves de cours moyen qui étaient impatients de me poser des questions. En moyenne plus âgés qu’à Najac, certains montraient déjà leur intérêt pour les grosses machines qu’on peut rencontrer en Antarctique.

Je ne résiste pas à l’envie de vous partager quelques pépites. Parmi les questions attendues, telles que « Est ce qu’il y a des ours/des renards/des loups ? » ou « Vous mangez quoi ? » se glisse d’adorables remarques telle celle d’un maternelle de Najac : « Moi, j’ai vu un pingouin glisser sur le ventre. »

Bien sûr, il y a un monde entre les questions des élèves maternelles et celles des élèves du cours moyen et j’étais surprise de la maturité de certaines questions. L’environnement les intéresse particulièrement : « Mais… est-ce qu’il y a de la pollution ? », « Est-ce qu’il y a des espèces en voie de disparition ? » ou « Est-ce que les instruments que vous mettez sur les animaux, ça les gène ? ». Mais aussi des questions plus techniques : « Et s’il y a une tempête, et que vous pouvez pas lancer le ballon, vous ne pouvez pas savoir le temps qu’il va faire ? ». Mais aussi des questions qui dépassaient mon domaine d’expertise : « Ils boivent quoi les manchots ? » Et bien, de l’eau de mer ! Ils sont capables de désaliniser l’eau. (Merci à Bélinda et sa connexion internet).

Je ne suis pas sure que les difficiles questions astronomiques de l’inversion des saisons entre hémisphère Nord et Sud ou celle de la nuit perpétuelle aient été vraiment comprises.

Je regrette également que la confusion manchot/pingouin ait perduré jusqu’à la fin à Najac (à tel point que j’ai ajouté une image à ma présentation pour La Fouillade).

J’espère que ma correspondance avec ces élèves durant cette année en Antarctique facilitera leur compréhension et leur intérêt pour cette région du monde.