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DURANT LE VOYAGE PAS ENCORE TRADUIT

Attente à Hobart

Je suis arrivée à Hobart le 3 décembre. Le plan initial était de ravitailler le bateau en kérosène le lendemain, puis partir en fin d’après-midi. La fenêtre météo était extraordinaire. Cependant, une anomalie sur un capteur a empêché le bateau de partir. Le problème technique a été long à résoudre. Nous avons alors loupé notre possibilité de ravitaillement en carburant. En plus, au bout de 48h de retard, une tempête nous menaçait. Nous avons donc attendu 3 jours avant de quitter Hobart.

Vie sur le port d’Hobart

Il y a une grande liberté de circulation dans l’Astrolabe. Pour l’instant, c’est un labyrinthe pour moi, même si on a eu droit à une visite du bateau par Jacques, le pilote des glaces. Le port est directement dans la ville. On peut sortir librement entre 8h et 22h, à condition de signaler qu’on est sorti, et qu’on est à nouveau dans le bateau. Mais, dans le périmètre du port, il faut porter un gilet jaune et se faire escorter dans nos déplacements. Il faut aussi montrer son passeport pour re-entrer sur le port.

Carte Postale sonore : dans l’Astrolabe en mode citadelle.

Première journée d’attente : Visite de Hobart

Je suis contente d’avoir pu visiter Hobart.

Hobart est une jolie petite ville anglo-saxonne. Elle met beaucoup en avant son lien avec l’Antarctique. Elle est le port privilégié des expéditions françaises et australiennes. Roald Amundsen y a séjourné, de retour de sa conquête du pôle Sud et a envoyé le câble annonçant la réussite de son expédition au roi de Norvège.

C’est une ville agréable, mais on y circule avec de gros pickups. Les piétons ont peu de temps pour traverser. Sur l’enregistrement ci-dessous, vous entendez dans la circulation les bips longs qui vous disent que vous n’avez pas la priorité. Puis, des bips accélérés : c’est le temps de vous avez pour traverser 4 voies. Imaginez !

Les bips des passages piétons d’Hobart

Deuxième jour : Visite du jardin botanique

Je dors très bien sur l’Astrolabe pour l’instant. La fatigue du voyage se fait sentir, je fais des nuits complètes. Je me lève vers 5h du matin ce que je trouve raisonnable. J’ai déjà eu des problèmes de décalage horaire plus violents.

J’ai profité des problèmes de l’Astrolabe pour visiter le jardin botanique avec d’autres futurs hivernants dans l’après-midi. On y voit toute la flore de l’hémisphère Sud, y compris dans îles subantarctiques. Le jardin est peuplé de perruches multicolores et de petits rongeurs pas farouches.

On voit qu’on est en Australie, avec les Eucalyptus géants

Bref, on a laissé le temps filer et nous nous sommes fait enfermer dans le parc. Nous n’étions pas les seuls. Eh oui, c’est l’été ici et le soleil se couche plus tard.

Troisième jour : randonnée sur le Mont Wellington

Comme les problèmes techniques du bateau persistaient, on s’est dit que ça valait la peine de visiter un peu plus loin. On est parti monter le Mont Wellington, pour voir des falaises de colonnes appelées « tuyaux d’orgues » par le ZigZag Track.

ZigZag Track

La randonnée n’était pas simple. D’abord, on a loupé le bus et on a attendu une heure. Puis, certains chemins étaient fermés, car un hélicoptère transportait des bigbags au sommet. On a fait une bonne partie du chemin sur la route finalement. La partie basse de ses versants est couverte d’épaisses forêts traversées par des zones déboisées par des feux de forêts. On y vois des fougères arborescentes et les chemins sont humides. Le sommet est minéral et aride.

Au sommet du Mont Wellington

On a mangé au sommet un repas tiré du sac. Le paysage est lunaire et la vue est magnifique. Le chemin du retour était beaucoup plus bucolique.

Sur le chemin du retour.

Et finalement, au retour, on a à nouveau loupé le bus et certains sont rentrés en courant. Pas moi.

Dernière journée d’attente

On a définitivement loupé notre créneau de ravitaillement en carburant et pris beaucoup de retard sur la fenêtre météo. On s’est fait ravitailler par camion le matin.

Ravitaillement au petit matin.

J’avais un dernier quartier libre que j’ai utilisé et on est parti dans l’après-midi. Le départ a été très émouvant.

Départ d’Hobart : Piste d’atterrissage de l’hélicoptère à l’arrière de l’Astrolabe et nos bouteilles d’hélium (pour les radiosondages) tout à bout de la piste.

Je vous raconterai la traversée au prochain épisode.

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AVANT LE DÉPART PAS ENCORE TRADUIT

Les enfants sont bon public.

En fin de semaine dernière, j’ai eu l’occasion de rencontrer les élèves des écoles primaires publiques de Najac et de La Fouillade. L’idée est de correspondre avec ces élèves tout au long de mon hivernage.

J’ai d’abord reçu une proposition de Virginie (institutrice à La Fouillade) de passer à son école pour parler de ma mission en Antarctique avec les « grands » de son école, qui sont sous la responsabilité de Cindy. Puis Laurence, adjointe au maire de Najac, m’a mise en contact avec Bélinda, l’institutrice des « grands » de l’école de Najac. Elle m’a proposé de voir ses élèves, ainsi que les « petits » à la charge de Jacques. Vous suivez ?

À Najac, les enfants étaient tous rassemblés dans une des salles de classe où je projetais quelques photos. Les « petits » étaient assis sur les genoux des « grands ». Ils étaient sages, attentifs et intéressés. Leurs questions naïves n’en étaient pas moins intéressantes et les échanges ont été enrichissants, aussi bien pour eux que pour moi. Les enfants sont bon public.

À La Fouillade, j’ai rencontré les élèves de cours moyen qui étaient impatients de me poser des questions. En moyenne plus âgés qu’à Najac, certains montraient déjà leur intérêt pour les grosses machines qu’on peut rencontrer en Antarctique.

Je ne résiste pas à l’envie de vous partager quelques pépites. Parmi les questions attendues, telles que « Est ce qu’il y a des ours/des renards/des loups ? » ou « Vous mangez quoi ? » se glisse d’adorables remarques telle celle d’un maternelle de Najac : « Moi, j’ai vu un pingouin glisser sur le ventre. »

Bien sûr, il y a un monde entre les questions des élèves maternelles et celles des élèves du cours moyen et j’étais surprise de la maturité de certaines questions. L’environnement les intéresse particulièrement : « Mais… est-ce qu’il y a de la pollution ? », « Est-ce qu’il y a des espèces en voie de disparition ? » ou « Est-ce que les instruments que vous mettez sur les animaux, ça les gène ? ». Mais aussi des questions plus techniques : « Et s’il y a une tempête, et que vous pouvez pas lancer le ballon, vous ne pouvez pas savoir le temps qu’il va faire ? ». Mais aussi des questions qui dépassaient mon domaine d’expertise : « Ils boivent quoi les manchots ? » Et bien, de l’eau de mer ! Ils sont capables de désaliniser l’eau. (Merci à Bélinda et sa connexion internet).

Je ne suis pas sure que les difficiles questions astronomiques de l’inversion des saisons entre hémisphère Nord et Sud ou celle de la nuit perpétuelle aient été vraiment comprises.

Je regrette également que la confusion manchot/pingouin ait perduré jusqu’à la fin à Najac (à tel point que j’ai ajouté une image à ma présentation pour La Fouillade).

J’espère que ma correspondance avec ces élèves durant cette année en Antarctique facilitera leur compréhension et leur intérêt pour cette région du monde.